Mardi | 2018-04-10
Salle des thèses 16h – 17h20

Pierre-Charles PRADIER

Que valent les jetons virtuels comme les Bitcoins ou les centaines de nouvelles variétés émises à l’occasion des Initial Coin Offerings qui se sont multipliées depuis 2017 ? En tant qu’actif immatériel, un jeton devrait valoir la somme actualisée des flux futurs qu’il promet. Mais cette valeur fondamentale est difficile à déterminer concrètement, et il faut pouvoir rendre compte des écarts sans considérer chacun d’eux comme des bulles. Pour cela, nous proposons quelques hypothèses. Toutefois, l’idée que les jetons seraient des options d’achat sur des services futurs semble poser un problème fondamental de conflit d’intérêts entre les parties, qu’il n’est pas certain que la réglementation puisse corriger. On peut alors considérer les jetons comme des substituts à la monnaie, ce qui permet de rendre compte de leur valeur de long terme ; toutefois celle-ci semble compromise par la dynamique même du développement technique des jetons. La piste la plus satisfaisante, car exempte de contradictions internes, est finalement de considérer que les jetons offrent des avantages indirects, sous la forme de possibilités d’implication dans le fonctionnement d’organisations qui offrent des services. Si l’évaluation apparaît incertaine a priori, elle peut être confiée au marché, ce qui est le sens des ICOs : les jetons répondent ainsi aux insuffisances des stock options dans les entreprises non cotées. Leur développement constitue donc un phénomène intéressant du point de vue de la finance d’entreprise.